104 [l574] ÏOURlfAL

devant, elle en auroit appris bien d'autres qu'ils ne sçavoient pas, dissimulant à la Florentine le mal talent qu'elle en couvoit contre les huguenots. Le cardinal de Lorraine l'ayant lue, dit à un sien familier nommé La Montagne, qui disoit que la pluspart de ce qui etoit dans ce livre n'etoit que faussetés : « Crois-moy, Monte tagne, les Memoires des huguenots ne sont pas toute jours bien certains; mais de ce côté-là ils ont renet contré : j'en scai quelque chose. » J'ai ouy dire à des catholiques qu'il n'y avoit pas la moitié de ce qu'elle avoit fait.

Le samedy 3o d'octobre, mourut à Paris en la fleur de son age Marie de Cleves (-), marquise d'Isles, femme de Henry prince de Condé. Elle etoit douée d'une shv guliere bonté et beauté, à raison de laquelle le Roy l'aimoit si éperduement, qu'il falut que le cardinal de Bourbon l'otast de son abbaye pour festiner le Hoy, disant Sa Majesté lui être impossible d'y entrer, tant que le corps de cette princesse y seroit. Elle laissa une fille son heritiere, et disoit en mourant qu'elle avoit épousé le plus genereux et le plus jaloux prince de la terre.

En ce mois un pauvre insensé qui etoit gardé en la maison des jésuites à Cologne, etant retourné en son bon sens par l'espace de cinq à six jours, et par ainsy mis en liberté, tua trois des premiers dudit college.

Le lundy premier jour de novembre, fête de Ia Toussaint, le Roy, le roy de Navarre et le duc d'Alençon firent à Lyon leurs pasques (^a), et receurent en-

(-) Marie de Cleves : marquise tle L'Isle , fille de François i, duc de Nevers, et de Marguerite de Bourbon. Elle avoit épousé, en 157a, Henri de Bourbon, premier du nom, prince de Condé. — (-) Firent à Lyon leurs pasques : Le Roi, à son arrivée à Lyon, avoit rendu la Ii'

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	104 [l574] ÏOURlfAL devant, elle en auroit appris bien d'autres qu'ils ne sçavoient pas, dissimulant à la Florentine le mal talent qu'elle en couvoit contre les huguenots. Le cardinal de Lorraine l'ayant lue, dit à un sien familier nommé La Montagne, qui disoit que la pluspart de ce qui etoit dans ce livre n'etoit que faussetés : « Crois-moy, Monte tagne, les Memoires des huguenots ne sont pas toute jours bien certains; mais de ce côté-là ils ont renet contré : j'en scai quelque chose. » J'ai ouy dire à des catholiques qu'il n'y avoit pas la moitié de ce qu'elle avoit fait. Le samedy 3o d'octobre, mourut à Paris en la fleur de son age Marie de Cleves (-), marquise d'Isles, femme de Henry prince de Condé. Elle etoit douée d'une shv guliere bonté et beauté, à raison de laquelle le Roy l'aimoit si éperduement, qu'il falut que le cardinal de Bourbon l'otast de son abbaye pour festiner le Hoy, disant Sa Majesté lui être impossible d'y entrer, tant que le corps de cette princesse y seroit. Elle laissa une fille son heritiere, et disoit en mourant qu'elle avoit épousé le plus genereux et le plus jaloux prince de la terre. En ce mois un pauvre insensé qui etoit gardé en la maison des jésuites à Cologne, etant retourné en son bon sens par l'espace de cinq à six jours, et par ainsy mis en liberté, tua trois des premiers dudit college. Le lundy premier jour de novembre, fête de Ia Toussaint, le Roy, le roy de Navarre et le duc d'Alençon firent à Lyon leurs pasques (^a), et receurent en- (-) Marie de Cleves : marquise tle L'Isle , fille de François i, duc de Nevers, et de Marguerite de Bourbon. Elle avoit épousé, en 157a, Henri de Bourbon, premier du nom, prince de Condé. — (-) Firent à Lyon leurs pasques : Le Roi, à son arrivée à Lyon, avoit rendu la Ii'

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